Genèse de Follaw.sv – une plateforme de veille législative et institutionnelle dédiée aux affaires publiques

J'ai reçu l'aide comme associé d'Erwan de Rancourt, ancien collaborateur de Michel Barnier pour m'aider à structurer le cabinet. De cette union, nous avons voulu conjuguer son ADN d'affaires publiques avec mon ADN d'affaires sensibles et de données pour faire naitre Follaw.sv : une plateforme de veille législative dédiée aux affaires publiques.

Je voudrais revenir aux origines et aux fondements de la création de cette plateforme, dans la mesure où il a fallu combiner des connaissances glanées dans mes utilisations de logiciel de veille, mes connaissances en analyse des données, les connaissances des autres personnes sur le projet (gestion des bases de données, développement, UX design, UI, etc.), les connaissances commerciales acquises précédemment dans d'autres expérience par les équipes, et appliquer tout cela à un nouveau domaine d'un point de vue veille : les affaires publiques.

Bien aidé par une super équipe, ainsi que par une sélection de betatesteur, il a fallu :

• Trouver une philosophie autour du concept de problématique plutôt que de celui de législatif.
• Adapter les réseaux sociaux et leur gestion aux affaires publiques
• Créer un système de requêtes préconçues et adapté aux problématiques
• Ajouter des features supplémentaires aux documents existants
• Ajouter des sources connexes

Si Follaw vous intéresse, vous pouvez prendre rendez-vous pour une présentation :

Trouver une philosophie : l'issue management

Dans tout produit, il faut une philosophie qui soit un parti pris clair. Le principal parti-pris de Follaw était d'appréhender la problématique des affaires publiques comme dépassant le simple cadre du volet institutionnel, afin de prendre comme point de départ les problématiques. En effet, avant de devenir un projet de loi, un sujet sociétal devient une problématique sociétale (glyphosate, énergies renouvelables, le piratage des oeuvres culturelles, la 5g, etc.)

Cette vision provient des théories autour du concept d'issue management. Appliquée aux corpus d'intérêt pour les affaires publiques, cela donne ouvre le champ à l'importance des réseaux sociaux comme corpus dans la gestion des affaires publiques d'une fédération ou d'une organisation.

Les réseaux sociaux, un OVNI pour les affaires publiques

Si vous êtes familier de ce blog, vous savez que les réseaux sociaux sont un corpus que je maitrise pour la propagation de phénomènes de crise, de tensions sociétales, ou de communication politique. Tous des champs très reliés aux affaires publiques.

Pourtant, il était impossible d'appliquer les logiques utilisées pour une plateforme Saas. En effet, sur base des betatesteurs de la plateforme que nous avions rassemblés, tous des professionnels des affaires publiques, il paraissait clair que les professionnels des affaires publiques :

• N'ont aucun intérêt pour les problématiques réputationnelles. Leur entreprise peut être l'objet d'une problématique de clients, d'un article négatif ou autres, ils n'y prêtent presque pas attention.
• Considèrent les réseaux sociaux comme des OVNIs. Ca ne fait pas partie de leur corpus habituel. Ils doutent de très clairement de l'utilité.
• Surveillent des mots-clés extrêmement génériques comme écologie, énergie, transports et autres. Or, ces mots-clés soulèvent des bruits importants sans importance.

Il apparait clair, qu'il faut dès lors considérer que ce qui est le plus important n'est pas tant les mots-clés des utilisateurs, mais qui s'expriment. Est venu alors l'idée de créer un panel social media des gens qui comptent.

Vaste question que : qu'est ce qui fait qu'un utilisateur compte ?

Généralement, on s'attache aux tweets des politiques (sénateurs, députés, conseillers régionaux, etc.), des journalistes et médias, des lobbies (fédérations, dirigeants , lobbyistes, etc.) ainsi que des institutions ou événements. Nous avons alors utilisé les méthodologies de triangulation d'écosystème de Saper Vedere pour détourer tous les champs importants pour nos prospects et nous avons semaines après semaine créé une base de donnée de 15 000 utilisateurs appartenant à la société civile et conscients du fait qu'ils sont des personnalités publiques.

La difficulté a d'ailleurs été de supprimer tous les militants et personnes ayant de l'influence, mais n'étant pas une personnalité publique. Et nous les avons catégorisés par type de parties prenantes.

Ainsi, si une personne lambda utilise les mots métros dans une expression d'usage ("je suis dans le métro", "ca pue dans le métro", "j'attends le métro", etc.), les organisations et politiques ne font que rarement ce type de publication ce qui permet une veille des problématiques.

Mieux, il est possible de voir dans quelle mesure une loi perfore ou non l'opinion publique. Par exemple, en prenant trois lois différentes, on identifie bien trois logiques différentes rien que par la volumétrie des acteurs en jeu :

• La réforme des retraites a un prisme total, concernant à la fois les lobbies, les politiques et les médias
• La loi Avia quant à elle est politique et médiatique.
• La loi bioéthique est extrêmement politique

Cette analyse permet des implications stratégiques intéressantes pour faire bouger les lignes. Grâce à Follaw, nos clients suivent également désormais en temps réel tous les politiques s'exprimant sur leur sujet et peuvent même filtrer par groupe politique précis.

La première force de Follaw était ainsi établie de par mon social media : un panel des forces importantes en affaires publiques et lobbying, permettant même des identifications de parties prenantes automatiques.

Sortir de la peur de la page blanche et couvrir des thématiques élargies

Autre problématique rencontrée : la plupart des personnes ayant entrepris la création d'un logiciel d'affaires publiques l'ont fait sous le prisme d'un moteur de recherche de documents publics.

Le principe est alors de laisser à l'utilisateur une barre de recherche dans laquelle il est le maître à bord.

Cela amène toute une série de soucis pour les acteurs :

Les problématiques que suivent les utilisateurs sont extrêmement larges et recouvrent donc plusieurs mots-clés. Difficile pour des acteurs néophytes de construire eux-mêmes leur propre requête. Une problématique comme le phytosanitaire est ainsi construite autour d'une multitude de mots-clés (Destop,Phytosanitaire, Glyphosate, Frelon Asiatique, insecticide, fongicide, pesticide, herbicide, biocide, phyto, SDHI, chlordécone, etc.) où les utilisateurs eux-mêmes ne savent pas l'immensité des champs possibles. Ils tapent alors de simples mots-clés dans l'attente qu'un mot donne accès à toutes les possibilités de documentation sur ce sujet. (Autrement dit : ils attendent d'avoir un véritable Google appliqué aux affaires publiques)

Les termes que les acteurs ont en tête sont complètement différents de ceux qui sont utilisés dans les textes. Ainsi, la "loi climat" surnommée ainsi par la presse et tous les acteurs est en réalité "la loi contre le dérèglement climatique" tandis que la loi 4d est "le Projet de loi relatif à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale". Taper ces mots dans la barre de recherche ne mène dès lors pas du tout vers les bons textes.

Rapidement l'utilisateur tombe dans un syndrome de la page blanche, ne sachant pas quoi introduire. L'utilisateur retourne ainsi à ses pratiques habituelles en matière de veille, multipliant les 485 onglets dans un format habituel. Son utilisation de la plateforme devient trop active à son goût.

Les utilisateurs sont à la recherche de grandes thématiques. Ces thématiques regroupent de multiples sujets et les thématiques attribuées par le sénat et l'assemblée nationale sont assez mauvaises, pas exhaustives et ne constituaient pas une solution.

Pour résoudre cela, il a fallu se pencher justement sur ces grandes thématiques. Partir de tous les textes de l'assemblée nationale, de toutes les questions, de tous les journaux officiels, et créer des requêtes préconçues et costaudes.

C'est ainsi que nous avons créé durant de nombreux mois pas moins de 750 requêtes préconçues regroupant pour le moment 23 grandes thématiques regroupées en sous-thématiques.

Ainsi dès l'arrivée d'un directeur d'affaires publiques dans une autre entreprise avec une autre thématique, ou lorsqu'une agence gagne un budget, elle peut rapidement identifier autour du secteur la navette parlementaire en cours.

La création de "features" pour dépasser la simple vision documentaire

Le troisième défi de Follaw était de comprendre les usages des professionnels en affaires publiques pour disposer des mêmes textes que les sources que nous couvrions, mais en améliorant l'expérience utilisateur.

Lorsqu'un professionnel des affaires publiques travaille sur dossier législatif, il doit analyser parfois des PDFs de centaines de pages pour isoler les parties importantes pour lui. Sur le dossier, de nombreux amendements peuvent être déposés.

Ainsi pour la PLF 2022, on dénombre 201 pages pour 3113 amendements. Follaw analyse l'entièreté du texte et des amendements et isole les articles importants où il y a une activité parlementaire en rapport avec les thématiques.

Les amendements concernant l'énergies sont donc de 472 sur 3113 (15%). En un coup d'oeil, on voit les sujets évoqués. En un coup d'oeil également, on peut voir où se situe la guerre des amendements en rapport avec le sujet.

Ils sont triés d'abord avec les rapporteurs, puis les amendements du gouvernement, les principaux partis d'oppositions et puis les plus petits partis. l'isolement d'un amendement est également grâce à l'exposé des motifs ce qui permet d'intégrer toutes les possibilités qu'un amendement soit utile pour un utilisateur

On a également donné l'occasion de filtrer sur plein de choses filtrables (groupes politiques, parties prenantes, mots-clés précis, etc.) et d'exporter simplement tous les amendements en Excel.

On s'est également rendu compte que les amendements tombés ou rejettés étaient supprimés sur le site des institutions et que donc les consultants gardaient des dossiers remplis de capture d'écrans des amendements importants. Notre gestion de base de données permet de palier ce souci !

Par ailleurs, la gestion des politiques nationaux est également bien plus facile pour identifier les parlementaires importants et actifs sur un sujet bien précis. Nous avons appelé cela le PRM (Politician Relationship Management)

Cette vision du politique nous a également permis de gérer au-delà du sénat et de l'assemblée nationale pour incorporer les politiciens locaux ou européens pour une vision plus locale et filtrable localement. (Nous pouvons filtrer par localités)

Ajouter des sources connexes

En dehors de mettre en place des alertings ultra personnalisables (avec tous les filtres) sur tous les corpus, il a fallu ensuite, régler l'autre enjeu qui était de rajouter un maximum de sources, dont les agendas (plus de 20 gérés dont les invités politiques dans les médias) , les communiqués de presse des ministères ou les nominations.

Voici pour la genèse de Follaw.sv, un projet qui fut pour moi en tout point passionnant, à la fois d'un point de vue connaissance de l'information (traiter des nouveaux corpus, comprendre des nouveaux usages, affiner ma connaissance de la création de requêtes sémantiques), du management (gérer des équipes avec des connaissances que je ne maitrise pas, créer tout à partir de rien) et commercial (développer un discours commercial en dehors de mes champs habituels).

Entre-temps, j'ai plein d'idées supplémentaires (faire un panel de tendance via notre panel et nos requêtes préconçues, rajouter des corpus de lobbies, etc.), mais ca sera l'objet de prochaines étapes ! En attendant, vous pouvez prendre rendez-vous pour une démonstration complète ici.