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Quels lobbies sont les mieux placés pour influencer le nouveau gouvernement sur les réseaux sociaux ? Le cas du PLF 2025
L’élaboration du Projet de loi de finances (PLF) pour 2025 suscite déjà une intense activité dans les médias. Et pour cause, de nombreux secteurs et entreprises risquent d'être impactés. Quels sont ceux qui ont une carte à jouer sur les réseaux sociaux ? Quels sont les meilleurs médias pour les toucher sur Instagram ou X ? Pour ce faire, nous avons reconstitué l'écosystème des followings des ministres sur les réseaux sociaux.
Le résumé
- La première clé est que les réseaux sociaux seront moins importants qu'avec les précédents gouvernements. Notre méthodologie basée sur les pratiques de following des ministres semble assez éloignée des réalités actuelles. La faute à X qui depuis la prise de contrôle de Musk fait peur aux politiques et lobbies. Mais aussi le fait que la pratique de following n'est plus tant importante pour ceux qui reprennent en la communication des politiques.
- Disons-le également avec diplomatie : les ministres du nouveau gouvernement sont aussi très old school. On est loin (très loin) d'imaginer qu'un ministre allume son téléphone pour lire X ou Instagram. Et pour cause, certains ministres n'ont presque jamais eu le moindre article dans la presse avant leur mandat. On est loin de la présence Tik Tok assumée du précédent gouvernement.
- Est-ce pour autant sur les réseaux sociaux n'auront pas d'influence ? Pour cela, il faudra soit des changements d'usages techniques, soit compter sur le fait que les ministères auront des veilles de réseaux sociaux en place. Cela apparait cependant évident tant les lobbies ont évolué avec les pratiques et sont dorénavant présents uniquement à ces endroits. Autre élément qui ne trompe pas : le fait que la PLF ait comme d'habitude fait fuiter le projet sur contexte montre encore une fois que le gouvernement a encore besoin d'entendre les lobbies !
- La place d'Instagram pour certains plaidoyers politiques pour les ONGs et associations de gauche est difficilement compréhensible dans la mesure où sur Instagram, les ministres ne suivent que d'autres politiques et où l'absence d'API peut faire en sorte qu'ils ratent leurs plaidoyers.
- French tech et influenceurs bien moins présents : Corrolaire des ministres plus vieillot et moins nouveau monde, l'influence de la French Tech est moindre, de même que pour certains analystes de la politique comme Hugo Travers (Hugo Decrypte) qui pointe à la ... 1460 ème place. Cela a bien changé par rapport à avant !
- Un ancrage local et territorial bien plus présent : Un autre constat fort lorsqu'on observe les différences avec les précédents gouvernements est le fait que l'on remarque une plus forte présence des instances locales et territoriales. L'AMF (et même Association des maires ruraux de France, l'Association des Maires de France) est une des plus suivies tandis qu'on voit très bien suivis "Régions de France", "Intercommunalités", "Union des entreprises de proximité", "IFRAP" et autres associations de collectivités territoriales.
- Des lobbies suivis par les ministres autour de 3 réseaux :
- Les réseaux agricoles avec les jeunes agriculteurs qui ont toujours eu une pratique de lobbying très large. (Un des rares lobbies qui faisaient publier des amendements RN / LR issus de leur rédaction) Enfin Brasseurs de France a l'air d'être le lobby anormal du lot, mais un regard à l'organigramme passé de la fédération aide à comprendre qu'un ancien directeur général a aidé à être bien positionné numériquement.
- Les réseaux économiques de l'entreprise locale et intermédiaire. L'économie locale allant des petites entreprises aux ETIS (avec le METI bien positionné) est le second lobby le plus suivi avec des clauses générales.
- Enfin un écosystème sociétal avec des lobbies généraux
La méthodologie
Nous avons considéré tous les réseaux sociaux des ministres et ceux qu'ils suivaient. Via notre panel, on a sélectionné les principaux lobbies ou personnes ayant travaillé pour des lobbies. On a fusionné les comptes des différents réseaux sociaux selon leur nickname ou nom pour englober tous les liens potentiels. Bien évidemment, l'influence supposée d'un lobby, d'un journaliste ou d'un média présuppose que le ministre ou son entourage est influencé par le réseau qu'il suit sur les réseaux sociaux. Reste qu'en général, les suivis sur les réseaux sont corrélés avec l'activité ou l'intérêt envers ceux-ci.
I. L'écosystème 360 social media d'influence
En cartographiant les suivis des différents ministres (ce sont les seuls liens affichés dans l'image) , montrant uniquement ici les lobbies ( ce qu'on appelle les labels, soit ce qui est écrit) e en attribuant la taille selon les acteurs les plus suivis Intéressant, on ne distingue pas vraiment de communautés particulières.
Tout au plus la communauté en vert ocre est la communauté des comptes sur Instagram qui ont bien moins d'influence sur les ministres que sur X. Donc c'est un premier enseignement : si les ministres sont présents sur Instagram, ils ne suivent cependant que très peu de monde sociétal.
Cela est confirmé par le fait que si les ministres suivent pas moins de 9770 comptes différents sur X, ils ne sont que 1454 personnes différentes uniques sur Instagram. Ces derniers sont en grande majorité d'autres politiciens.
En gros on se suit entre amis politiques ou entre confrères. Mais il n'y a pas la logique médiatique et influence de X sur Instagram. Les communautés (symbolisées par des couleurs) sont assez claires : on voit en bas du graphe une communauté LR très légère, alors que sur le haut du graphe, c'est l'axe EPR.
II. En termes de médias, l'influence doit être sur X, Instagram et les médias "centristes"
Ensuite, en analysant ministre par ministre, on identifie rapidement que la présence des ministres sur les réseaux est très localisée. Pas de présence générale sur TikTok, Bluesky ou Threads alors que 39 ministres sont sur X et 35 sont sur Instagram. Et un tiers sur LinkedIn dont on peut difficilement analyser le réseau relationnel en dehors de leurs activités de likes et de partages.
Dans les médias qu'ils suivent le plus, on va retrouver des médias relativement au centre de l'échiquier alors qu'on aurait pu s'attendre à une surreprésentation des médias de droite. (Le Figaro en tête qui n'est que 6 ème)
Ce sont principalement les commentateurs et intervieweurs politiques qui émergent dans leur influence sur les réseaux sociaux puisque les suivants derrière le top 5 sont : Jean-Michel Aphatie, Apolline de Malherbe, Ludovic Vigogne, Renaud Pila et Jean-Jacques Bourdin.
Corrolaire des ministres plus vieilliot , tous les nouveaux médias et certains analystes de la politique touchant des populations plus jeunes sont très bas. Ainsi, Hugo Travers (Hugo Decrypte) pointe à la ... 1460 ème place. (Alors qu'il est sans doute un des plus influents sur Instagram avec Brut)
III. Les lobbies
Analyse des lobbies
L'écosystème des lobbies suivis le plus par le gouvernement est le suivant :
A savoir 3 axes principaux :
- Les réseaux agricoles avec les jeunes agriculteurs qui ont toujours eu une pratique de lobbying très lointaine. (Un des rares lobbies qui faisaient publier des amendements RN / LR issus de leur rédaction) Enfin Brasseurs de France a l'air d'être le lobby anormal du lot, mais un regard à l'organigramme passé aide à comprendre qu'un ancien directeur général proche des réseaux de Barnier a aidé à être bien positionné numériquement.
- Les réseaux économiques de l'entreprise locale et intermédiaire. L'économie locale allant des petites entreprises aux ETIS (avec le METI très bien positionné) est le second secteurs de groupement d'intérêt le plus suivi.
- Enfin un écosystème sociétal avec des lobbies sociétaux, mais avec une forte influence du CRIF et de la LICRA. (Ca n'est donc pas un hasard d'avoir vu Michel Barnier à la soirée du CRIF)
Notons qu'en dehors de cela, on retrouve un écosystème relativement très politique avec d'anciens politiciens qui ont une très belle audience sur le gouvernement actuel. Ainsi, Marlène Schiappa, désormais chez Tilder, profite de son précédent compte pour être très très bien positionnée sur ses prises de parole. Un coup d'oeil sur sa présence X montre qu'elle ne l'utilise cependant pas réellement.
Mais même de manière générale, l'influence social media des ministres reste très cantonnée à certains secteurs déjà identifiés. (économie, agriculture, pouvoir publics / société) Des secteurs tels que la santé, l'automobile, l'aviation, ou l'énergie sont totalement absents de cet écosystème.
En ayant ces données, on arrive à identifier une corrélation entre les secteurs principalement perdants de la PLF 2025 , à savoir l'aviation d'affaires, la santé, l'énergie, le fret maritime , les assureurs / banques et l'automobile.
Le flou par rapport au PLF est total
Il y a trois mondes dans le monde de l'influence sociétal : le monde politique, le monde des groupements d'intérêts et "les Français".
Les trois sont à l'approche du PLF dans une incertitude extrêmement grande entre un monde politique perdu sur la stratégie à aborder, ayant une échéance à long-terme qui est relativement courte (la présidentielle) et une échéance court-terme qui est relativement longue (Juin 2025) ; un monde des "Français" qui après une pause éstivale sur les JO se retrouvent avec un "léger" décalage budgétaire de 100 milliards et enfin des groupements d'intérêts qui ne savent pas trop quel chemin suivre,
éberlués dans leur vision court-termiste des choses, se demandant comment moins de 50 députés peuvent avoir autant d'influence. (Pour un monde habitué à tenter d'agir en 3 semaines sur un projet de loi, c'est évidemment un choc)
Face à ces incertitudes sur les 3 fronts, difficile d'objectiver les choses. Le besoin est dès lors de rapidement s'adapter !
Sur le budget l'attente du PLF
Car au niveau des groupements d'intérêts, il a été très difficile de réagir vite. Et cela se voit (voir notre étude de la semaine dernière) : seules les associations de gauche telles qu'Oxfam, Attac, Unapei, les groupements d'intérêts autour de la transition écologique. (Construction, automobile) ou ceux de La santé( LEEM) ainsi que les syndicats ont déjà publié. En un mois, les publications sont ainsi microscopiques. ( à peine 744 publications, retweets et tous réseaux confondus....)
Cela est tout bonnement inhabituel :
Il reste donc une grande partie de groupements d'intérêts qui vont lire le PLF sorti hier dans l'après-midi pour prendre position et tenter d'influer les choses. Cela va donc être très intéressant de voir les amendements, les publications et toute l'influence avec pour seule possibilité de faire du temps réel.
En tout cas, toujours est-il que très peu de ceux-ci peuvent se dire qu'ils ont aujourd'hui les actifs, les méthodes et la stratégie nécessaire pour préempter les réseaux sociaux afin de faire bouger le plan initial du gouvernement.
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Alors, suivez donc tous les amendements, tous les articles et toutes les publications du budget en rejoignant la démocratisation des affaires publiques.