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Propagande russe : est-elle sur tous les réseaux ou cantonnée à X ?

Ce lundi, Franceinfo publiait un article intitulé : "la désinformation prorusse s'invite aussi sur le réseau social Bluesky" , soulevant une question intéressante que nous n'avions pas trop explorée dans nos précédentes analyses sur la propagande sur les réseaux en général, les ingérences sur les réseaux sociaux , la propagande du conflit ukrainien ou la propagande sur la bataille de Bakhmut et Adviika. : est-ce que cette propagande s'observe sur les différents réseaux sociaux ?

Le résumé

X reste le réseau le plus utilisé pour propager la propagande russe sur les terrains d’occupation. Les thématiques et narratifs sont classiques : la Russie mènerait une « guerre propre », sans destruction d’habitations, et libérerait des villages du « joug » ukrainien.
En revanche, Bluesky est actuellement très peu utilisé pour ces campagnes, et lorsqu’il l’est, les engagements sont microscopiques. Ce faible impact se retrouve également sur d’autres plateformes comme YouTube ou Telegram (du moins sur les chaînes francophones).
La propagande s’appuie principalement sur de vieux actifs, tels que des pages africaines sur Facebook ou des comptes créés pendant la crise du Covid. Ce phénomène explique pourquoi les nouveaux réseaux sociaux restent largement épargnés. Cela dit, Bluesky semble légèrement plus utilisé que Threads dans ce contexte.

En résumé, les médias français évoquant la propagande russe sont souvent bien plus visibles que la propagande elle-même.

Méthodologie

Pour répondre à cette question, nous avons décidé d’analyser un terrain de bataille très précis, où il est peu probable de trouver des discussions provenant de personnes non militaires, non intéressées par le conflit, ou déconnectées des dynamiques propagandistes. Nous avons ainsi choisi les discussions mentionnant le mot-clé Kurakhovo, rédigées en langue française. Ce choix restreint naturellement le volume des conversations potentiel sur la guerre, mais il constitue un excellent point de comparaison pour évaluer la présence et l’impact des narratifs propagandistes.

Pourquoi il n'y a pas d'autres réseaux que X ?

Alors, nous étions très excités à l'idée de mobiliser tous nos outils capables d'analyser tous les réseaux à 360 comme notre dernier article sur Marineland , mais coupons le suspense immédiatement : il est assez clair qu'il y a très peu d'activité en dehors de X.

Alors, on ne peut que dresser des hypothèses pour expliquer ce constat :

Les actifs pro-russes visant la francophonie sont devenus très légers. On sent que ce sont de vrais personnes reliées aux enjeux russes et ayant des éléments de langage captés sur Telegram ou autres. Le cas des pages Facebook africaines est à ce titre extrêmement marquant. Le fait que les nouveaux réseaux comme Threads ne sont pas utilisés du tout est aussi assez marquant.
La couverture de la guerre avec le prisme russe est bien plus assurée en langue anglaise. (C'est assez logique)
Les réseaux comme Instagram, Facebook, Youtube ou LinkedIn ne sont pas aussi intéressants que X par manque de logique ouverte, manque de journalistes s'informant dessus et par manque de structuration des réseaux d'extrême droite. Le cas de Bluesky est extrêmement illustratif puisqu'il n'y a tout simplement pas d'audience, et tout simplement peu de personnes pour faire écran.

Si la revue des réseaux sociaux vous intéressent, les annexes couvre la revue réseau par réseau.

Annexes

Commençons par les réseaux le plus mobilisés :

Sur X, c'est relativement concentré autour d'acteurs habituels des précédentes études.

Sur Linkedin très peu de publications, mais en réalité, on retrouve des publications étrangèment semblables se référant au Washington Post :

Même si l'image qui est sensée montré l'article du Washington Post est en fait un vieil article de 2017 dans une image d'illustration de nbcnews.com : (cela dit, l'article du Washington Post est réellement là avec les mêmes arguments que ceux évoqués)

Il est difficile d’évaluer Bluesky avec précision, et je préfère ne pas inclure de données dans un graphique qui pourrait sembler « scientifique », sachant qu’il y a à peine trois publications pertinentes à analyser. En anglais et espagnol, on trouve quelques publications, mais elles restent totalement sans écho. Ainsi, l’hypothèse de France Info s’effondre : il n’y a tout simplement pas de public pour les vidéos ou publications diffusées sur cette plateforme à l’heure actuelle.

De plus, comme l’algorithme de tendance étant totalement dysfonctionnel, il est très compliqué de s’immiscer dans des conversations existantes ou d’y relayer efficacement un narratif. Tout au plus, on peut noter le relais d’un blog en français commun entre X et Bluesky, mais sans réel impact.

Ce qui est marrant, c'est que le terme "bandériste" sur LinkedIn ramène vers des profils déjà vus sur LinkedIn :

Sur Facebook, ce sont les pages africaines qui font l'écho des éléments :

Pour Telegram, l'activité assez active est en réalité très concentrée sur un nombre de chaines très restreinte, avec des vues ne dépassant pas 1000 pour la plupart. Enfin, pour YouTube, un peu plus de liens, on dépasse juste pour une seule les 10 000 vues sur l'ensemble des vidéos.