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Les enseignements des crises numériques de 2020
Cette année encore, je publie mon étude complète dédiée aux crises du numériques de l'année qui vient de s'écouler. Voici les principaux enseignements de l'année.
L'influence du coronavirus
La crise sanitaire mondiale a évidemment touché de plein fouet le phénomène des crises numériques que cela soit sur l'ampleur du phénomène (baisse du nombre de cas avec en plus, plus de 10% des crises sont directement à cause du covid), sur les entreprises qui sont touchées (4 secteurs qui sont restés ouverts tandis que le secteur vestimentaire, toujours très créateur de crise, est en baisse conséquente), sur les causes et les parties prenantes (la communication est moins sous les projecteurs), sur la reprise médiatique (peu de crises reprises par beaucoup de médias) et sur la saisonnalité du phénomène où la répartition est d’habitude assez homogène.
Les cas suivent les confinements
Avec des grosses baisses en mars, avril et octobre, les cas de 2020 suivent parfaitement la temporalité des différents confinements opérés.
Les crises ont débuté avec la une problématique en janvier du Courrier Picard titrée « Alerte jaune » annonçant le coronavirus.
Après l’arrivée du coronavirus, nous avons assisté à la bataille des masques et du gel hydroalcoolique qui a provoqué une turpitude avec la mise en vente de stock de gel hydroalcoolique de LMVH donné gratuitement chez Carrefour.
La crise a également enclenché un combat de valeurs entre écologisme et hygiénisme. La tendance du surplastiquage a ainsi causé de nombreux remous pour Carrefour et d’autres magasins. Pour Generali, c’est le conseil d’éviter les magasins de proximité qui a provoqué un tollé.
Enfin, une fois les reconfinements à la carte déployés selon les pays, cela a causé un souci avec le journal communal belge de Quiévrain qui a publié une publicité faisant la promotion pour un salon de coiffeur français alors que tous les salons de coiffure belge devaient fermer pour raisons sanitaires.
Globalement, 12,6% de crises ont pour cause le coronavirus.
Les tendances de l’année dernière confirmées
L’anti-science confirme son statut de nouvelle valeur
Durant cette année de coronavirus avec l’épisode Raoult, l’utilisation des gouvernements européens des scientifiques dans leur communication publique, l’essor de la communauté pro-science a pris encore de la taille.
Ce n’est donc pas une surprise de revoir un cas de crise numérique avec comme pour valeur l’antiscience. D’ailleurs, la narration est la même que l’année dernière (Petit Bateau), à savoir une publicité autour des ondes. La startup FAZUP a fait de la publicité pour des patch anti-ondes déclenchant une polémique, et même le commentaire de l’OMS.
La difficulté culturelle dans un monde mondialisé
Cette année encore, le souci des multinationales à communiquer adéquatement dans les différentes cultures des pays dans lesquels ils sont présents a encore été observé.
Le film « Monster Hunt », fait scandale à cause d'un dialogue pour le moins douteux. Lors d'un échange, il y a une rime entre knees (genoux) et chinese (chinois). Sauf que cette consonance évoque en Chine une comptine raciste du XXe siècle, chantée dans les pays anglosaxons pour se moquer des immigrés asiatiques.
En Chine, c‘est la marque Cartier qui a suscité la polémique avec une vidéo publicitaire montrant deux hommes à vélo, portant la même bague, selon Cartier, un père et son fils, version qui ne fut pas crue.
Dans le même genre, la publicité Nike décrite précédemment est aussi un exemple de la mondialisation des valeurs dans des pays avec des cultures et des avancées sociétales différentes.
Les tensions raciales
A l’occasion d’une publicité, Nike a voulu dénoncer les discriminations raciales au Japon. Entre personne habillée à la coréenne, et personne de couleur noire, l’ensemble se veut critique sur le regard des Japonais sur les diversités. Une polémique est alors née, certains accusant Nike d’être anti-japonais alors que la presse internationale fut plutôt critique envers le Japon.
Ce fut la même problématique avec L’Oreal qui a banni de ses produits toutes les mentions de "blanc", "blanchissant" ("white" / "whitening") et "clair" ("fair" / "fairness", "light" / "lightening"). Dans la foulée, une campagne de boycott était lancée contre l’organisation.
Cela illustre parfois le souci des organisations à s’engager sur les tensions raciales, à la fois parce qu’elle se pose dès lors en juge d’une société définie, mais aussi parce qu’elles ont derrière elle, tout un historique qu’elles trainent avec elles.
Les problématiques d’incestes et pédophilie
Avant la séquence médiatique que nous avons connu autour de l’inceste, de nombreux cas ont circulé cette année alors que la thématique n’avait jamais réellement était présente dans les presque 750 cas des années précédentes. Netflix a été accusé de sexualiser des adolescentes en les montrant dans des positions suggestives
Amazon a suscité une vive polémique après qu’elle ait mis en vente des poupées sexuelles représentants des enfants à l’âge très jeune. le secrétaire d'Etat chargé de l'enfance et des familles Adrien Taquet est même monté au créneau : « suite aux alertes des associations que je remercie, j'ai demandé à Amazon de mettre fin à la commercialisation sur leur plateforme de poupées sexuelles à l'effigie d'enfants »
Des poupées « lol surprise » vendus à toutes les petites filles dans le monde a suscité une grosse polémique après que de nombreuses mères de familles se soient filmées en montrant que lorsqu’on les plongeait dans l’eau glacée, des sous-vêtements suggestifs (bas résilles, bracelets en cuir, soutiens-gorge, etc.) apparaissaient après quelques secondes.
Enfin, une poupée Troll a également été accusée d’être déplacée parce qu’on pouvait appuyer sur bouton dans l’entre-jambe pour faire un cri suggestif.
Conclusion
Au final, ça nous donne les tendances et les constantes suivantes
Crédit photo : Nike / Cartier