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D’un échange de tweets aux réactions politiques : comment la ligue du LOL est devenu un fait national

La ligue du LOL et ses harcèlements dans le passé ont rythmé ce week-end, se payant le luxe de dépasser dans les trending topics les commentaires autour de l'acte des gilets jaunes. Mais comment ce "cold case" a-t-il pu ressurgir subitement ?

Le récit

Le début commence en réalité il y a presque une semaine. Thomas Messias de Slate fait un tweet dénonçant les doubles discours d'un journaliste (Alexandre Hervaud ?).

Par la suite, Alexandre Hervaud se plaint de subir un subtweet de la part de Thomas Messias, se lancant dans un thread complet.

https://twitter.com/AlexHervaud/status/1092801842894041090

IrisKV réagit alors en attaquant frontalement et dénonçant la plupart des publications.

https://twitter.com/IrisKV/status/1092841894294552578

Cela fait réagir LucileBellan qui cherche à défendre Thomas Messias et indique aux journalistes qu'elles disposent de dossiers disponibles pour les journalistes qui souhaiteraient mener l'enquête.

https://twitter.com/LucileBellan/status/1093171465766268928

On apprend d'ailleurs via Starsky qu'un journaliste cherche effectivement à réaliser un article sur le sujet.

https://twitter.com/starsk_y/status/1093263423004180487

Un autre poste fait état de la situation à des gens qui ne paraissent pas connaître la ligue du lol.

https://twitter.com/Druggy/status/1093526603290812416

Checknews sort ensuite son article pour raconter la ligue du lol.

https://twitter.com/CheckNewsfr/status/1093914967974313985

Les témoins disent alors que la ligue s'en sort à bon compte et que l'article est positif pour eux et leur laisse une trop grande place.

https://twitter.com/DivideMeByZero/status/1093909554906181632

C'est alors que cet article permet la libéralisation de la parole. Daria Marx fait un thread pour dénoncer la chose tandis que Nadia Daam, qui avait quitté Twitter suite à des attaques et harcèlements du forum jeuxvideo.com est revenue sur Twitter le temps d'une déclaration sur la ligue du LOL.

https://twitter.com/DaamNadia/status/1093938966288584706

Mélanie Wanga revient également pour donner son témoignage.

https://twitter.com/babymelaw/status/1093956135957221376

Cela fait émerger le sujet en trending topic de Twitter. Un sujet qui dépasse le hashtag de l'acte du week-end des gilets jaunes, voilà qui a de quoi faire émerger des questions auprès des utilisateurs de la plateforme à l'oiseau bleu.

A ce moment-là, beaucoup se demande qui constituait cette fameuse ligue du LOL et un fichier pastebincircule où l'on découvre des journalistes, des communicants et autres personnes. Stephen des Aulnois tente alors de poser des excuses sur Twitter, mais celles-ci sont vite balayées et suite aux différentes altercations, celui-ci supprime ses excuses, avant de supprimer son compte Twitter.

La réaction est alors en chaîne puisque des articles émergèrent sur Le Monde, France Inter, l'Obs. Les protagonistes de la ligue du LOL vont tous présenter leurs excuses dans un Word commun, à l'exception d'une personne qui le fera via un Linkedin.

D'autres témoignages surviennent aussi comme celui de LeReilly, Kriisiis, Laura Manach ou encore Nicolas Catard.

https://twitter.com/Kriisiis/status/1094666689688584192
https://twitter.com/CMconseils/status/1094714943021166592
https://twitter.com/NicolasCatard/status/1094729085589352448
https://twitter.com/LeReilly/status/1094562198591062016

La classe politique a également réagi et l'affaire était donc nationale.

La propagation de la ligue du LOL

L'analyse

L'article comme catalyseur, les témoignages comme narration.

La propagation fut donc la suivante :

  1. Des échanges de tweets entre Alexandre Hervaud et deux personnes ont lieu et ne disent pas grand chose pour les personnes qui observent.
  2. Un article de Checknews pour raconter La Ligue du LOL donnant la parole aux deux camps.
  3. Suite à cet article, éclosion des témoignages des différentes victimes pour dénoncer la réalité passée
  4. Cela permet d'atteindre les tendances émergentes de Twitter touchant dès lors des personnes hors bulles de prendre connaissance du cas.
  5. Suite à cela, d'autres articles relatant l'affaire émergent. (GlamourParis / Le Monde)
  6. On observe une réaction des politiques.
  7. Tout cela génère un grand flot de commentaires. Comme nous sommes lundi, il y a de fortes chances que la création d'articles commence encore dès maintenant.

Dans cette propagation, il y a, à mon sens, deux éléments primordiaux :

1. L'article de Checknews fut critiqué pour la part qu'elle attribue aux excuses des protagonistes. Ceci étant dit, tout cela part juste d'un échange entre un journaliste de leur propre rédaction et d'autres individus. Sans cet article, il y a fort à parier que nous n'en aurions jamais entendu parler. Il joue le rôle de catalyseur pour donner à tous une clé de lecture originelle pour avoir les éléments de départ qui servent à la bonne compréhension des événements.

2. Le feuilletage des différents témoignages qui donne une narration à la chose, dans la mesure où il y a toujours quelque chose de nouveau qui vient nourrir la polémique. Cela permet d'ajouter des protagonistes ( victimes ou oppresseurs) ou des éléments de récits.

Notons également le rôle de Vincent Glad au départ, qui fut particulièrement ciblé, car il est montré actuellement en exemple dans la couverture des gilets jaunes. Il y a un effet d'opportunité et une teinte politique dans certaines saillies.

Cependant, à l'échelle de l'ensemble des publications sur la ligue du LOL, ces vendetta sont plus que minoritaires.

Les traces produites et contextualisées 

Je pointais dans les enseignements des crises de l'année ce que j'appelle le "marqueur temporel" : tous les jours, les organisations et individus disséminent des traces à travers les espaces numériques.

Celles-ci sont produites dans un contexte bien particulier, mais ce contexte peut changer et le récepteur peut ainsi les "déterrer" pour en faire une lecture nouvelle. C'est exactement ce qui se passe ici.

Ces traces ont été produites dans un espace avec ses règles, son environnement et son microcosme. Ces derniers ne sont plus d'application et ont dès lors permis une libéralisation de la parole collective. Nombreux furent les témoignages qui firent l'état du fait qu'ils étaient étonnés une fois leur parole libérée qu'il n'y eut plus de réactions négatives comme ce fut le cas pour le passé.

De même, certains se prêtent à des exercices d'archéologie des tweets pour retrouver toute une série de traces pouvant faire le témoignage de cette époque passée.

De l'individualité à la collectivité

Il y a une certaine individualité dans la défense de la plupart des protagonistes, et force est de constater que de façon neutre, cette individualité est collectivisée dans le sens où l'on regroupe derrière "La Ligue du LOL" tous les agissements individuels, y compris des initiatives en dehors du périmètre de ce groupe.

C'est dans ce contexte que l'individu passif porte en lui une certaine culpabilité. Il y a donc une certaine ironie dans le fait que le collectif avait permis une impunité et que ce même collectif se retourne désormais contre les individus.

Une propagation en foule étroite

La propagation reste cependant assez cantonnée à un groupe d'individus ayant tous des rapports entre-eux dans la mesure où l'ensemble des conversations donnent un tout très homogène.

Conclusion

Ce cas est intéressant à plus d'un titre lorsqu'on est un observateur des réseaux sociaux car il touche au sociétal, à l'harcèlement au sens large, au fait que des traces anciennes peuvent ressurgir et éclater au grand jour.

Dans un monde où la crise survenait d'éléments nouveaux qui faisaient basculer une personne ou une organisation dans une crise, le fait que les actes passés puissent également ressurgir dans un tel torrent est marquant.

La 3e partie du récit pourrait faire évoluer la crise vers d'autres acteurs comme l'ESJ, les médias concernés ou autres dans la mesure où les victimes ne veulent pas uniquement des excuses, mais des actes forts comme une démission.

Crédit photo : Shutterstock

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