Sommaire
Affaire Benalla sur les réseaux sociaux : où la résurrection des partis de l’opposition
I. Enseignements
1. La communication de crise, cette discipline si facile à commenter de l'extérieur
Comme il est de coutume, l'angle communication de crise d'analyse a été appréhendé par les chaînes d'information en continu. Assez logiquement, la communication est pointée du doigt, notamment la piètre vidéo enregistrée par Bruno Roger Petit. Celui-ci sait clairement qu'il a été envoyé au casse-pipe sans que cela n'ait été en tout point utile.
Sacrifier oui, mais pour gagner quoi ?
Ceci dit, il serait bien facile de commenter la communication de crise uniquement par son aspect extérieur. De fait, celui qui a toujours la main est celui qui gère la crise, la première chose dans une crise étant de déterminer ce qu'il est prêt à sacrifier. Ce choix de sacrifice a clairement mal été identifié. Et ils sont propulsés dans une arène où le temps manque, et surtout l'information. Quand bien même le gouvernement aura pris le pas de communiquer le licenciement immédiat qu'il serait resté de nombreuses faiblesses qui auraient fait rebondir la crise :
- Son statut privilégié et son rôle assez flou
- Ses nominations et privilèges
- L'état de connaissance des faits de l'Élysée et sa tolérance
- Les informations qui sont en sa possession et qui pourrait fuiter si celui-ci était expulsé du bus
- etc.
Bref, il restait énormément de pièges communicationnels et d'informations à déminer. Si la décision de le licencier était prise, il aurait encore fallu déminer tous les points et les apporter soi-même dans la mesure où l'enjeu d'un sacrifice est de prendre le contrôle du temps. Déminer l'entièreté des nouvelles informations des différents médias pour faire amende honorable et calmer le volume.
L'impossibilité de faire l'inventaire pour briser le cycle
En effet, dans une séquence de crise, le degré d'urgence et d'importance de celle-ci est déterminé par le flux des nouvelles informations, car ces dernières vont permettre le cycle :
- Nouvelle information : va permettre de donner de nouveaux éléments au public et d'apporter du neuf
- Analyse : cette information sera ensuite analysée selon différents prismes : ce que cela a comme influence sur le présent, le passé et le futur ; l'axe politique ; l'axe communicationnel.
- Commentaires : les commentaires des différents politiques et de l'opposition sur cette nouvelle information.
Or, ici, ce cycle est parfaitement alimenté par les nominations, les nouvelles vidéos, les éléments sur la connaissance de l'Élysée. Tout cela va beaucoup trop vite pour l'Élysée qui ne sait pas faire l'inventaire des actifs pour reprendre le contrôle.
La difficulté de communication interne
Ce cycle mouvant apportant sans cesse des nouveaux éléments va provoquer une incertitude globale au sein de l'organisation qui ne sera plus se positionner par manque d'information. Toute prise de parole pourra être contredite par un nouvel élément non disponible. Or, ceux-ci se sont succédé et ont donc créé une incertitude informationnelle parfaitement illustrée par ce conciliabule :
https://twitter.com/InTheSmok/status/1019989352162693120De fait, tenir informé un trop grand nombre de personnes est impossible dans un moment où tout est concentré sur le damage control.
Quid de Macron ?
Reste la critique sur la non-communication de Macron. Reste que la communication du CEO/Président/Gestionnaire est une arme avec une seule munition. Une fois que cette prise de parole a été faite, elle ne peut plus être réutilisée sans tomber dans des sables mouvants. (Revoir à ce sujet la séquence Léonarda) Quand Macron communiquera visuellement, ça sera le moment où l'entièreté des actifs sera sécurisée et où les informations données devraient couvrir la polémique tout entière.
Il a fort à parier que ce week-end fut utilisé pour rassembler tous ces éléments, définir les éléments de langage et qu'une contre-attaque sera rapidement menée.